Lorsque la distance broie.

Hier, j’ai acheté du papier à lettres, ressorti mes carnets où j’écrivais la souffrance de la distance. J’ai cherché mes jolis timbres et les stylos les plus doux. J’ai tout posé sur la petit table. Depuis vendredi soir, j’ai l’estomac noué. Il y a des cailloux et beaucoup de craintes dans mon regard. C’est un énorme orage qui ne s’arrête pas, une tempête qui emporte tout sur son passage, une musique enivrante de tristesse qui me dilue. Est-il possible d’assassiner la distance ? Je connais, hélas, déjà la réponse.

L’amoureux part demain pour un mois, un mois qui s’étirera surement en des mois dès qu’on aura le dos tourné. La distance me broie. Je ne sais plus où se situe la vie privée lorsqu’on a un tel emploi. Il y-a-il une place pour elle d’ailleurs ? Peut-on appeler cela encore un emploi ? Où se situe la frontière entre un travail et de l’esclavage ? Le mot est fort mais c’est ce que je ressens lorsqu’une personne gère entièrement la vie d’une autre comme bon lui semble. 
Je ne vois plus non plus aucune place pour la dignité et le respect de la personne. Le statut de cadre permet à l’employeur d’oublier les 35 heures au profit d’un forfait où les heures et déplacements sont illimités. L’employé devient alors un simple pion à gérer selon ses désirs et intérêts, un petit jouet tout tendre. 
C’est la que la partie commence ! L’employeur lance les dés. Le jeu consiste à obtenir le maximum de son pion tout en lui faisant croire qu’il est libre, heureux et chanceux. Son objectif : obtenir de son employé une soumission librement consentie. 
Il est vrai que l’on travaille tellement mieux lorsqu’on le fait avec le coeur. Le travail doit devenir une passion. Son métier doit permettre son épanouissement personnel : a-t-il d’ailleurs le temps pour s’épanouir ailleurs ? Non. Le travail devient la seconde première famille. Le matin, on se retrouve pour déjeuner ensemble au restaurant de l’hôtel, le soir entre deux lignes de code on partage un plateau repas.  Parfois, on a même droit à un verre de vin:  vraiment le métier est super cool. Il serait idiot de se plaindre. Si un se le permettait, il serait d’ailleurs tout de suite montrer du doigt. C’est la dictature du bonheur. Tout se joue dans l’apparence et la manipulation ; que le meilleur gagne ! Happy face. 
Je suis désolée, mais j’ai vraiment du mal à comprendre et à accepter tout ça. 

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Venise, Partie 4: Burano et Murano

Burano
Venise, c’est aussi ses îles qui l’entourent. Nous en avons visités deux: Burano et Murano.
Pour joindre ces îles, il suffit de prendre le Vaporetto. Le voyage est déjà toute une histoire. Le vaporetto longera l’impressionnante île de San Michele, le cimetière de Venise. Vous ressentirez alors l’atmosphère particulière et solennelle qu’insuffle cette île. Quelques minutes plus tard, vous verrez apparaitre à l’horizon Murano. Si vous décidez de rester un peu plus longtemps à bord du vaporetto, vous atteindrez enfin Burano, l’île au mille et une couleurs.
Burano
J’ai beaucoup aimé me promener dans cette minuscule île. Je dois l’avouer moins pour sa dentelle que pour ses maisons toutes plus colorées les unes que les autres.
C’était une journée assez grise et les maisons multicolores parvenaient pourtant à donner un air de printemps et de légèreté à notre balade.  Ce fut une promenade très gaie. Les volets entourés de blanc, les maisons étroites et accolés, les couleurs vives, les fleurs, les boutiques artisanales rendent Burano attachante. Les petits détails parsemés par les habitants au fil des rues donnent l’impression d’être dans un conte enchanté.
Je n’ai malheureusement pas pu visiter le musée de la dentelle qui était fermé lors de notre voyage ( et ce encore pour quelques mois ! ). Je ne pourrais donc pas vous en écrire plus à ce sujet.
La seconde île que nous avons visité est Murano. Elle est spécialisée dans le verre. Il est vrai que Murano semble un peu triste si on la compare à Burano. Ici, pas de feux d’artifice de couleurs ! Les rues ne ressemblent pas à des arc-en-ciels tangibles. Par contre, les verres sont magnifiques et parfaits. Le musée du Verre  permet de mieux comprendre son importance et d’appréhender celui-ci comme un art majeur et unique. J’ai aimé découvrir l’histoire de cette île autant par ce musée que par les artisans qui vivent encore de cet art.
Regarder ces pièces de verre est un petit trésor. Je suis restée bouche-bée devant les bijoux. Le verre parait alors une matière si précieuse, fragile et forte à la fois. Il y a un silence admiratif qui règne à  Murano lorsque vous vous approchez des ateliers de fabrication de verres et des salles d’expositions. C’est un travail qui nécessite des doigts de fée et beaucoup beaucoup de patience. Lorsque vous levez la tête et que vous voyez ces lustres si imposants au dessus de vous, vous comprenez que cet art est avant tout un véritable spectacle pour les yeux.

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On ira garder les moutons ?

Ce matin, j’ai encore postulé à plus de deux poignées d’annonces de la plus loufoque à la plus sérieuse.  Si l’on me répond positivement à une, je deviendrais peut-être serveuse dans un bar, secrétaire, vendeuse,  gardienne de chiens ou d’enfants au choix.La liste est longue. Et, je ne me souviens déjà plus de toutes les annonces répondues.
A 10 heures, lorsque j’ai appelé une dame pour amener son fils à l’école le matin, elle m’a répondu que non, parce que je n’habitais pas dans sa ville. J’ai eu beau lui expliquer que j’habitais à deux minutes en voiture, elle n’a rien voulu entendre. Elle voulait une personne de sa ville. J’ai raccroché dubitative.

J’en ai un peu par dessus les cheveux de cette histoire de recherche de travail. Sous peu, je vais postuler pour aller garder des moutons ; j’aurais peut-être plus de chance. 

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